Posté par Yann Essabe, le 13 décembre 2024
Le gouvernement de Transition a lancé une opération de salubrité publique des finances de l'État, suite à des malversations financières présumées.
Par Yann Essabe
Témérité pour les uns, actes suicidaires pour les autres, toujours est-il que la gestion opaque et les détournements massifs présumés des deniers publics par certains dirigeants d’entreprises publiques et parapubliques, dans un régime militaire détonne. Les mauvaises habitudes ont décidément la peau dure au Gabon, est-on tenté de dire. L’opération « mains propres » lancée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), depuis quelques jours, a pour objectif de mettre fin à cette gangrène, héritière de plusieurs années de gabegie financière.
Les effets induits de cette prédation des ressources publiques se donnent à lire au travers des grèves à répétition des bénéficiaires de cette manne qui assistent, impuissants, à la détérioration de leurs conditions de vie. Les retraités de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), les déflatés et les épargnants floués de la PosteBank, ainsi que d’autres entreprises publiques et parapubliques mises en coupe réglée par leurs gestionnaires, en sont des exemples patents.
Qu’est-ce qui peut alors justifier ces détournements massifs de l’argent public alors que le pays est sous un régime militaire ? Explications du sociologue Philippe Ndong Abiaghe : « Plusieurs années de gabegie et d’impunité ont forgé ceux qui gèrent la fortune publique, une mentalité d’intouchabilité. Une fois nommées, ces personnes investies de la confiance de l’Etat, utilisent des pelleteuses et des tractopelles pour tout racler dans les caisses des administrations qu'ils dirigent " . Et notre sociologue de poursuivre : " Ils ne font plus de différence entre bien public et bien privé. L’objectif étant de vivre dans la démesure en construisant des maisons des mille et une nuits et en roulant dans des véhicules hors de prix que l’on voit sur les routes de Libreville ".
Aussi, pour donner sens à la moralisation publique, le Comité pour la transition et la restauration des institutions a-t-il décidé de frapper fort. En effet, certains dirigeants de sociétés étatiques soupçonnés de faits de gestion opaque et de détournements de l'argent public ont été écroués à la prison centrale de Libreville, tandis que d’autres, en attente des conclusions des enquêtes prouvant ou non leur culpabilité, ont été suspendus de leurs fonctions.
C'est le cas notamment du président-directeur général de la Poste SA, Jean Eric Raymard Ndama, de la directrice des finances et de la comptabilité ainsi que du chef comptable, qui ont tous été écroués à la prison centrale de Libreville pour des soupçons d’opacité dans la gestion des finances de l'entreprise. Même son de cloche du côté de la CNAMGS où toute l'équipe dirigeante a été suspendue, en attendant les conclusions des enquêtes diligentées.
Le président du Conseil d’administration de Gab’Oil, Landry Bongo Ondimba, et le directeur général, François Owono Messie, ont été interdits d’accès à leurs bureaux respectifs en attendant, là aussi, la fin de l’enquête sur les faits de détournements qui leur sont reprochés.
Pour l'opinion publique gabonaise, cette opération de salubrité publique des finances de l'État au sein des administrations publiques et parapubliques doit être élargie à tous les pans de la société, en évitant le " deux poids deux mesures ", car l’émergence du nouveau Gabon est à ce prix.
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13/12/2024 à 11:59
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